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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/376

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conde entre toutes, de ces beaux fleuves aux crues périodiques destinées à étancher les ardeurs d’un soleil qui peut tout créer, de ces hautes montagnes enfin, les épines du monde, recouvertes de forêts. Il faut refaire les grands ports où se balançaient les flottes de Carthage respectées sur les mers lointaines.

L’homme ne parvient à dominer la nature qu’en l’observant, en se faisant esclave de ses caprices et de ses rigueurs, jusqu’à ce qu’il l’ait rendue tout-à-fait impuissante à reconquérir ce qu’elle a perdu, jusqu’à ce qu’il se soit sacré lui-même vainqueur et roi de la terre !

Quand, il y a trois ans, j’annonçai, parmi les civilisés, la mission révolutionnaire de la Russie, je provoquai bien des sourires moqueurs. Combien plus les bourgeois vont se divertir à mes dépens aujourd’hui que je m’occupe du rôle de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Océanie dans le mouvement universel ! Qu’importe, au surplus, qu’on me traite de visionnaire, d’halluciné, d’enfant aussi ? Moi, médecin, j’ai souvent observé de grandes intelligences parmi les fous ; moi qui n’adore personne et écoute tout le monde, j’ai recueilli plus de vérités de la bouche des enfants que de celle des hommes politiques, toujours menteurs.

Eh ! qu’y a-t-il donc de si extraordinaire dans ce que j’avance : que toutes les forces de la nature doivent être utilisées ; — qu’un continent entier ne peut être perdu pour l’humanité ; — que l’Afrique est stérile comparativement à ce qu’elle pourrait rendre ; — qu’elle sera régénérée par le reflux des peuples d’Europe ; — et que les Russes chasseront les Turcs de leur empire malgré la haute protection de la France et de l’Angleterre alliées ? — Je dis ce que je vois. Et ce que je vois va s’accomplir !