Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/410

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sont d’un corps frêle, d’une poitrine étroite, d’un sang peu plastique, rosés de chairs, graisseux de muscles ; ils croissent en longueur, ils sont tout extrémités ; on voit qu’ils ne peuvent prendre racine nulle part. — Moralement aussi, ils se développent principalement au dehors ; ils évitent de s’immobiliser dans leurs relations et leurs actions présentes ; ils passent au milieu des peuples les plus divers, apprenant leurs langues, se pliant momentanément à leurs coutumes, mais ne perdent jamais le type de leur race ; ils ont la remarquable faculté de se concentrer en eux-mêmes dans quelque milieu qu’ils se trouvent, à quelque distance qu’ils soient de leur métropole. Le sentiment national semble pour eux un symbole, un mot de ralliement, un moyen, plutôt qu’un amour et un but. Dans sa religion, l’Anglais supplée à la passion par la rigidité, à la foi par le raisonnement, à la pompe du culte par la régularité des exercices. Ne pouvant éprouver d’émotions violentes et rapides, il lui en faut de douces et de continues. Dans ses amours même, il est plus sensation que sentiment, plus devoir que désir, plus fonction que caprice ; il est presque toujours fécond, presque jamais artiste. L’Anglais a beaucoup de graisse partout ; cela rend ses formes régulières et son humeur égale.

Le Saxon possède une persistance de caractère assez grande pour remplir sa mission tout seul, où que ce soit. De là sa hardiesse loin de chez lui, sur les mers lointaines, dans les forêts vierges ; de là ses mœurs, sa religion, sa langue marquées au plus haut degré d’un cachet transitoire et individuel. De là sa prodigieuse aptitude à fonder en courant ; de là cette tendance incessamment progressive qui le pousse vers son but à travers tous les dangers, par tous les moyens ; de là cette impassibilité de caractère qui lui permet de s’immobiliser au milieu du mouvement.