Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/411

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Au point de vue de l’industrie, durant toute la phase de civilisation monopolisée que l’humanité vient de parcourir, les Anglo-Saxons sont bien certainement les peuples qui ont le mieux su comprendre, braver, exploiter le mouvement social. Aussi ce monde britannique, sont toute la puissance repose sur une fiction, remplit-il l’Univers d’étonnement et d’épouvante.

Mais par cela même que le caractère dominant de ces races est de s’étendre beaucoup, il en résulte qu’elles durent peu sous la même forme, qu’elles ébauchent toujours et n’achèvent jamais, qu’elle s’épuisent rapidement en procréant chaque jour. Elles sont essentiellement propres à jeter partout le specimen de leur civilisation, à fonder des empires lointains, aux bras gigantesques, au cœur débile, des empires qui viennent et s’en vont en eau.

To be or not to be. — Être ou n’être pas. — Or, être, pour l’Anglais, c’est se mouvoir, c’est de frayer un passage, avec la hache, à travers la forêt vierge ; c’est diriger vers des plages inconnues la poupe de ses vaisseaux. Ne pas être, ce serait s’étendre, comme les peuples du Midi, aux mélodieux accords des lyres, sous des cieux inondés de lumière.

La race saxonne a peuplé comme des plantes traçantes, des émigrations nombreuses sont parties de ses métropoles, comme des rameaux diffus partent de la tige des fraisiers. Ces émigrations n’ont jeté tout d’abord dans le sol nouveau que des racines peu profondes. Puis, devenues plus stables et plus puissantes, ralliées à de nouveaux centres pour les besoins de défense et de vie communes, elles se sont séparées de la nation-mère, et les liens qui les y rattachent se sont desséchés, elles ont suppléé à leur peu de durée par leur extrême multiplication.