Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/43

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Et je recueillerai les râles des mourants ! Et je dilaterai mes narines aux vents du nord chargés de poudre.

Car je ne serai pas coupable de tout cela, moi qui crie sans répit aux nations d’Occident : Arrêtez-vous, maudites, sur la pente de l’abîme ! Enrayez ! Enrayez ! !

Voici venir sur vous les mille cohortes de l’invasion : les géants aux yeux verts, enfants de la Baltique, et les Mongols cuivrés par le soleil. Enthousiastes de la mort, avides de pillage et de voluptés, ils arrivent, rapides comme leurs cavales, maigres comme des loups à jeun.

Rangez-vous par pitié devant la gueule de leurs canons et le fer de leurs lances. Car ces hommes sont durs comme les chênes verts, tandis que vous êtes cariés comme le liège qui crie sous l’acier barbare.

À genoux, cités superbes, filles de la Bourgeoisie ; il n’est pas une de vos pierres qui repose honnêtement sur l’autre. Rachetez la honte de votre vie en vous préparant à mourir sans peur.

« J’ai vu l’Orient s’entrouvrir comme la gueule d’une bête fauve. Au fond le soleil brillait, rouge, sur des armes polies. J’ai cru voir un lac de sang ; j’ai senti, dans mes veines, le froid de la mort. »


XVIII.   Je végète dans ce siècle où tout s’écroule, ou les hommes ébranlent avec fureur institutions et monuments. Je vois s’élever le matin de vastes projets, des alliances inébranlables, des gouvernements éternels... qui tombent au soir. L’avenir prochain est pommelé de nuages blancs et noirs, sombres à voir venir. Bien des nations orgueilleuses de leur splendeur d’aujourd’hui seront, demain, en péril d’existence.

Le terrain est mouvant, les flots des hommes sont houleux comme les vagues des mers ; ne cherchons à élever rien de stable sur les tremblements de terre et les traînées