Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/42

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fumant, bâillant jusqu’à désarticulation, ne parvenant au fond de nos bottes qu’à la sueur de notre front, tenant notre estomac et nos génitoires en équilibre, nous injuriant du matin au soir ? En vérité, pour peu que la vie sous-terrestre soit accidentée, elle sera beaucoup moins fastidieuse que celle-ci. — La Mort est à la fois le commencement d’une existence et la fin d’une autre. Mais elle est toujours la vie. J’en dis autant de l’Invasion.

La France est morte, vive l’humanité !


XVII.   Ma poitrine est gonflée de malédictions, ma langue est sifflante comme celle du serpent ; ma gorge est sèche et mes yeux sanglants. Le sang coule sur les herbes flétries, et je ne puis l’étancher...... Ce qui est écrit est écrit.

Qu’elle descende donc l’invasion formidable, et que la moelle frémisse dans le creux de nos os ! Que les flots des mers glacées s’échauffent sous la quille des vaisseaux armés en guerre ! Que les sables des steppes se transforment en autant de guerriers ! Que l’épée nue trace droit son sillon à travers les multitudes ! Que les capitales travaillent sur leurs fondements comme des prostituées hébétées par le gin ! que l’univers couvre sa face du voile de la nuit !

Et moi je verrai les vagues s’élever en montagnes d’écume, et l’orage bondir sur leur dos. Et les vents emporteront des nations entières dans leurs manteaux déchirés. Et ces nations trembleront comme les feuilles saisies du frisson de novembre. La Vengeance, la Menace et la Mort suspendues sur l’humanité ; la terre s’inclinera sur son axe. Les corbeaux se tairont...

Et je me réjouirai quand l’éclair de la Destruction sigillera les ténèbres ! Et je collerai mon oreille au sol ébranlé !