Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/55

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suis sédentaire de nature. Et le temps n’est pas au repos.

Il faut que je laisse beaucoup de mes pensées à exprimer afin que, parmi les hommes, plusieurs soient portés à étudier l’avenir, à tourner leurs yeux attristés vers le jeune soleil qui resplendit de lumière et de joie.




La nuit, des rêves et des visions descendent sur moi, génies caressants ! Je leur fais bon accueil.

Tantôt c’est une étoile qui me dit avec sa voix enchantée : « Vois, mais vois donc comme je suis élevée dans le ciel. Pour moi rien n’est haut, rien n’est éternel. Les hommes me semblent comme des moucherons et leurs villes comme des fourmilières. Les plus longs. les plus brillants de vos siècles, que sont-ils pour moi ? des fractions de secondes dans le temps éternel !.....

» L’alouette vaniteuse ne monte guère qu’au niveau des pics de glace ; et moi, je me tiens par-delà les régions éthérées. L’alouette est grise et je suis plus éclatante que le brillant le plus pur. L’alouette est lasse au bout de quelques instants, elle retombe à terre pour reposer son aile, et moi je scintille toujours, et toujours je suis jeune, et je ne connais pas la fatigue.

» Quitte un instant la terre, misérable grabat de poudre et de sable. .Monte ici ; je t’étendrai sur ma couche magnifique, et jusqu’au fond de tes yeux éteints, je regarderai avec mes beaux yeux. Viens, je te ferai perdre le souvenir des petites affaires de ton temps. Et de l’aube des siècles jusqu’à leur déclin, tu dormiras bercé dans des sphères d’harmonie.

» Ainsi tu apprendras à juger la partie d’après le tout, et de ne pas faire autant de cas de la vie des insectes. »

Tantôt c’est un éclair, plus rapide que le délire, qui me