Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est non moins vrai que le monde révolutionnaire civilisé ne renferme non plus en lui ni la majorité, ni l’union, ni l’activité, ni les principes, ni l’enthousiasme, ni l’influence indispensables pour modifier le milieu qui l’entoure, soit par la Force, soit par la Conviction.

Il est également sûr que le monde national civilisé n’existe plus. De Liverpool à Marseille et de Gènes à Nantes, la patrie, c’est le marché. Tous les peuples d’Occident sont serrés en un seul faisceau, autour de leurs intérêts matériels : tous invoquent la paix, tous prient pour la conservation de ce qui existe. Le nom de la nation ne sert plus que de pavillon à la marchandise.

Le monde civilisé national et révolutionnaire, la Sainte-Alliance des peuples n’existe pas encore. Avant qu’on tentât de la réaliser, elle serait écrasée sous les forces des despotes, toujours prêtes et toujours unies, depuis Abel, dans le credo propriétaire. Quel serait d’ailleurs le lien, le nerf de cette confédération ? Comment pourrait-elle naître et se maintenir aujourd’hui que tout intérêt et tout événement humain n’aboutissent que par l’argent ?

D’où je conclus :

1° Que la Force révolutionnaire n’est pas à l’Occident, — légal ou extra-légal ;

2° Qu’il ne sera tenté, parmi nous, aucune intervention efficace en faveur de la justice et de la liberté : — ni par une monarchie civilisée, encore qu’elle soit libérale comme celle de l’Angleterre ; — ni par une nation civilisée, encore qu’elle soit patriote comme la Suisse ; — ni par un parti civilisé, encore qu’il soit républicain, vigoureux et redouté comme le parti mazzinien ; — ni par une émeute civilisée, encore qu’elle soit heureuse comme celle d’Espagne ;

3° Que ni la Guerre ni la Révolution véritablement so-