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§ 2. — PROBLÈME ANTINOMIQUE ENTRE LA FATALITÉ DIVINE ET LA LIBERTÉ HUMAINE. — CONCLUSION


I.   La vie de tout être est une lutte contre le milieu qui le renferme.

En termes généraux, sans faire exception de temps ni de lieux, l’homme est forcé de remporter chaque jour sur Dieu la victoire de la vie. En spécialisant : dans cette seconde moitié du dix-neuvième siècle, le déshérité est contraint de remporter sur la force sociale civilisée et sur la force sociale Cosaque la victoire de la vie. — L’ennemi est double, mais il est divisé : par conséquent il sera vaincu par l’homme.

Je n’entends pas le mot victoire comme le font les révolutionnaires français, les plus inutiles des hommes. La force russe fût-elle taillée en pièces par l’invincible armada civilisée, le problème social n’aurait pas fait un pas. Loin de là ! Et la solution serait également avortée si la Russie se bornait à vaincre la France en Orient, sans l’envahir.

La Fatalité, la Tyrannie divine et mauvaise qui pèse sur nos sociétés, je lui vois double face. À l’Orient, elle trône sur des canons ; à l’Occident, sur des sacs d’or. Le Tzarisme et le Monopole, la Russie de Nicolas et la France de M. Rothschild, voilà les deux termes de ce problème antinomique immense. Et si nous nous rendons compte de l’organisme des sociétés, nous révolutionnaires, nous comprendrons que ces deux puissances doivent s’égorger l’une par l’autre, et disparaître devant le Socialisme humanitaire. En vérité, ce déluge couvrira le sol d’armes russes et de devantures de boutiques françaises. Ainsi seulement sera vaincue la double tyrannie que subissent encore les sociétés européennes : tyrannie du fer et tyrannie de l’argent.