Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/115

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si on voit dans chaque acte un jeu distinct, destiné à chacun des jours de fête. La ressemblance qu’offrent entre eux les morceaux VII et X serait un défaut dans un drame suivi, où chaque scène se rattacherait immédiatement à la précédente ; elle s’explique suffisamment dans une série de divertissements qui ne se font pas une suite rigoureuse. En somme, le Cantique des Cantiques n’est pas une exception à cette grande loi qui nous montre l’esprit hébreu incapable d’œuvres littéraires formant de grands ensembles et ayant une unité bien définie. Le progrès régulier d’une action toujours hâtée d’arriver à l’événement, progrès qui constitue l’essence du drame et de l’épopée, n’a jamais été chez eux bien compris. Dans le poëme de Job, également, la discussion ne fait pas un pas depuis le commencement jusqu’à la fin, et le dernier interlocuteur prend la question où chacun des préopinants l’a prise et laissée, c’est-à-dire à son point de départ. Le génie grec seul a connu dans l’antiquité le secret de la marche continue des poëmes et l’art