Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/116

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de combiner des incidents secondaires en vue d’un dénoûment.

Le Cantique des Cantiques doit donc être envisagé comme tenant le milieu entre le drame régulier et l’églogue ou la pastourelle dialoguée. Il a de moins que le premier la marche continue. Il a de plus que le second le nœud, l’action et les incidents. C’est le moyen âge qui nous offre ici le meilleur rapprochement. Sans avoir de théâtre profane régulièrement établi, le moyen âge eut parfois, en dehors des mystères, des jeux scéniques assez développés. Les bourgeois d’Arras surtout arrivèrent, en s’organisant par confréries ou charités, à se créer des amusements fort ingénieux. Le plus célèbre des jeux d’Arras, le Jeu de Robin et Marion est, sous le rapport du sujet comme sous le rapport de l’agencement scénique, l’analogue parfait du Cantique. C’est la même donnée fondamentale, une bergère préférant le berger son amant au chevalier qui veut la séduire ; ce sont les mêmes