Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que dans les premières années après la mort de Salomon. Les mécontentements passagers qui résultent des dépenses royales s’oublient vite ; bientôt on ne voit plus que les monuments qui en restent, sans que l’on demande ce qu’ils ont coûté. Le souvenir des souffrances qui rendirent odieux au peuple le règne de Louis XIV et firent insulter ses funérailles fut bientôt effacé par l’impression générale de grandeur que laissa son siècle et par les formules admiratives que les rhéteurs mirent à la mode en parlant de lui. Il en fut de même pour Salomon. Au moment de sa mort, on voit la haine contre son administration produire une révolution violente ; plus tard, on ne trouve plus que légende et fascination.

La fraîcheur, la naïveté, la jeunesse du poëme achèvent de nous persuader que le Cantique est de l’époque où le génie d’Israël fut le plus vif et le plus dégagé. Jamais nous ne croirons que des compositions toutes profanes comme notre poëme,