Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/128

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les habitudes plus égyptiennes et tyriennes qu’israélites de Salomon. Il n’est pas douteux que le poëte ne fût animé contre ce roi d’un véritable mauvais vouloir ; l’établissement du harem, surtout, paraît l’irriter à un haut degré, et il éprouve une joie évidente à nous montrer une simple bergère victorieuse du sultan présomptueux qui croit pouvoir acheter l’amour, comme tout le reste, à prix d’or. On sait que la principale objection des Israélites républicains contre la royauté était le droit que le roi se donnerait de prendre leurs filles pour en faire ses domestiques[1]. On sait aussi que les grandes dépenses de Salomon avaient été odieuses aux tribus du Nord, et que ce fut là une des causes du schisme qui éclata après sa mort[2]. Notre poëme semble renfermer le contre-coup de cette double opposition. Or, une telle manière de voir n’a pu se produire

  1. I Samuel, viii, 13.
  2. I (III Vulg.) Rois, xii, 4 et suiv. II Chron. x, 1 et suiv.