Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/134

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n’étaient ni la Loi ni les Prophètes n’impliquait qu’une certaine aptitude à produire l’édification, quelque chose d’analogue au caractère que l’Église catholique attribue à l’Imitation, au Combat spirituel, etc., à côté de la Bible. On comprend mieux encore qu’un livre fort ancien, quoique peu édifiant, fût sacré, et qu’on l’entourât d’un voile pieux d’allégorie ; car l’antiquité a été chez tous les peuples le motif principal de la vénération. Mais qu’un livre à la fois profane et moderne ait été d’emblée accepté comme canonique, voilà ce qui est impossible. Car enfin si on était blessé de la liberté de l’ouvrage, pourquoi l’adopter ? La canonicité à cette époque ne supposait pas une inspiration dans le sens que les chrétiens ont attaché à ce mot ; mais elle impliquait au moins l’opinion que le livre était pieux. — Si donc la composition artificielle du Cantique des Cantiques à une époque moderne est contraire à toutes les vraisemblances de l’histoire littéraire, la canonicité du livre et le système d’allégories