Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/141

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ce prophète a lu le Cantique, prouvent au moins que les deux écrivains vivaient dans le même cercle d’images et que les mêmes expressions leur étaient familières[1]. On sent chez eux, si j’ose le dire, l’impression de la nature verte et fraîche du Nord. « La Palestine du Nord, dit très-bien M. Réville[2], apparaît, dans l’histoire des Israélites, comme moins accessible au spiritualisme religieux, moins portée à la réaction contre la nature et la vie naturelle que la Palestine du Sud. Aussi c’est là que la poésie populaire semble avoir pris le plus d’essor. C’est de là que nous viennent le chant patriotique de Deborah, l’apologue de Jotham (Juges, ix, 5-20), les histoires de Gédéon, de Jephté, de Samson, où l’élément poétique tient

  1. Cette considération prend surtout de la gravité, si l’on songe que les poëtes très-anciens offrent toujours une certaine pauvreté d’expression et ne font aucun effort pour varier leurs tours.
  2. Revue de Théologie de M. Colani, mai 1857, p. 278-279.