Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/160

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l’école juive. Plusieurs rabbins, comme Aben-Esra, distinguent nettement le sens littéral, dont ils reconnaissent la réalité, du sens mystique ; on voit même parfois les interprètes orthodoxes combattre des personnes mal pensantes qui regardaient le Cantique comme un poëme profane. Mais le nom de ces téméraires ne nous est pas parvenu, et je ne crois pas qu’un seul docteur juif de l’époque qui nous occupe ait osé se soustraire au préjugé régnant sur l’indispensable nécessité de chercher à l’antique idylle d’Israël un autre sens que le sens littéral.

Le premier, depuis Théodore de Mopsueste, qui osa soutenir que le Cantique des Cantiques était un livre profane, fut le noble et infortuné Sébastien Castalion. Il exagéra même sa thèse, et, par une erreur qui devait exercer sur l’exégèse du Cantique

    voir Steinschneider, dans l’Encycl. d’Ersch et Gruber, IIe sect. part. xxxi, p. 53 et suiv.