Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/162

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tique, ou du moins en montrant avec évidence que l’auteur n’avait eu en vue aucun autre sens que celui que comporte la lettre. Semler, J. D. Michaëlis, Herder insistèrent victorieusement sur ce point[1]. Il s’en faut pourtant que la clef du poëme fût pour cela trouvée. Le principal obstacle à la bonne interprétation était levé ; mais l’ouvrage s’offrait encore comme un véritable chaos. L’erreur de Castalion préoccupait les meilleurs esprits. On s’obstinait à croire que, si le Cantique n’était pas un livre mystique, il était un livre obscène. L’idée que Salomon était l’objet de l’amour de la bergère fermait la porte à toute interprétation satisfaisante. Ni Grotius ni Leclerc, qui avaient montré la vanité

  1. L’interprétation allégorique a encore trouvé de nos jours, en Allemagne, deux défenseurs dans MM. Hengstenberg et Delitzsch. Mais leurs systèmes, aussi dénués de raison et beaucoup moins poétiques que ceux des Pères, des scolastiques et des théologiens, sont conçus dans de tout autres vues que celles de la critique et de la philologie. M. Delitzsch reconnaît d’ailleurs que l’auteur du Cantique ne pensait qu’au sens naturel.