Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/165

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de Jacobi et de Velthusen. Les belles études de MM. Umbreit (1820), Ewald (1826), Hitzig (1855), tout en laissant encore place à bien des incertitudes, ont obtenu la presque unanimité des suffrages[1], et victorieusement établi le plan du Cantique et son vrai caractère. Le poëme n’est ni mystique, comme le voulaient les théologiens, ni inconvenant, comme le croyait Castalion, ni purement érotique, comme le voulait Herder ; il est moral ; il se résume en un verset, le 7e du chap. viii, le dernier du poëme : « Rien ne peut résister à l’amour sincère ; quand le riche prétend acheter l’amour, il n’achète que la honte. » L’objet du poëme n’est pas la voluptueuse passion qui se traîne dans les sérails de l’Orient dégénéré, ni le sentiment équivoque du quiétiste hindou et persan, cachant sous des dehors menteurs

  1. On peut citer parmi ceux qui ont adhéré à leur opinion MM. B. Hirzel, Bœttcher, E. Meier, Veth, Hœkstra, Réville. Cette opinion est devenue, en quelque sorte, classique en Allemagne, en Hollande et en Angleterre.