Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/38

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clair. Une jeune fille de la campagne, sans doute celle qui a dit au verset précédent : « Le Roi m’a introduite en ses appartements » fait son entrée dans le harem. Elle s’excuse de ses traits brunis par le soleil : ses frères la maltraitaient et l’employaient aux plus rudes ouvrages. On voit que ce monologue se rattache bien à la scène précédente et qu’il nous tient toujours dans le harem. Le dernier trait « vineam meam propriam non custodivi » offre seul quelque équivoque. Ce trait a son explication dans un autre endroit, viii, 12. En comparant les deux passages, on se convaincra qu’il faut prendre ces mots pour désigner métaphoriquement ce qui constitue le bien fonds[1] d’une jeune fille, savoir son innocence et sa beauté. La jeune fille s’accuse ici de quelque imprudence, et en effet, au ch. vi, versets 11-12, nous la verrons raconter

  1. Le mot hérem (vinea) désigne ici un fermage de quelque nature que ce soit.