Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/40

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« ô la plus belle des femmes », par laquelle l’interlocuteur du verset 8 interpelle la paysanne, est celle qui est consacrée pour les cas où le chœur adresse la parole à l’héroïne. — On arrive donc presque forcément à croire que le verset 8 doit être placé dans la bouche d’une des femmes du harem, et que le verset 7 est prononcé par la paysanne pendant une sorte de rêve ou de distraction. La pauvre ingénue se croit encore à la campagne ; folle d’amour et étrangère aux dissimulations du sérail, elle parle tout haut à un amant qu’elle a laissé au village, et lui demande où il mènera son troupeau à midi. Une de ses compagnes, ou peut-être le chœur tout entier[1], effrayée de la naïveté avec laquelle elle vient de trahir son amour, lui fait sentir son imprudence et l’engage, si elle est si peu maîtresse d’elle-même, à quitter ce séjour et à se re-

  1. Dans notre poëme, comme dans le drame grec, le rôle du chœur est à la fois individuel et collectif.