Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/42

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versets sont évidemment dans la bouche de la paysanne. Le roi est à son conseil ; la jeune fille est toute pleine de la pensée d’un ami qui va venir et reposer sur son sein. Que cet ami ne soit pas le roi lui-même, c’est ce qui est rendu évident par la claire distinction établie d’une part entre le Roi (hammélek), dont l’absence est pour elle une bonne fortune, et d’une autre part le bien-aimé (nirdi, dodi) dont elle attend la venue. L’existence du berger aimé par la jeune fille, que le verset 7 nous avait déjà fait entrevoir, devient donc maintenant d’une certitude absolue. C’est ici un point capital et la clef de tout le poëme. On ne s’est tant égaré sur le plan de l’ouvrage que parce qu’on n’a pas assez remarqué la distinction capitale faite en cet endroit, distinction d’où il résulte que Salomon n’est pas l’objet aimé, bien plus, que son absence est la condition nécessaire pour jouir de l’objet aimé.

Au verset 15, commencent de graves difficultés. Un des deux amants de la jeune fille entre en scène