Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/53

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dont l’imagination n’a pu un moment se détacher de son village, ayant retrouvé celui qu’elle aime, se laisse aller complètement à son illusion, ou, pour mieux dire, le poëte, voulant exprimer le triomphe des deux amants, nous les montre, après leur séparation, réunis dans la ferme où ils se sont aimés pour la première fois. Entre le verset iii, 4 et le verset iii, 5, nous trouverons encore un de ces passages, qui nous transportent en imagination de Jérusalem à la campagne. Il est évident que, dans la pensée du dramaturge, la scène n’était jamais rigoureusement localisée, et que nul décor n’indiquait les circonstances extérieures au milieu desquelles l’action se passait.

Le reste jusqu’au verset 7 inclusivement est parfaitement clair. La jeune fille éprouve une défaillance amoureuse et tombe dans les bras du berger ; la formule qui exprime l’évanouissement se reproduit dans deux autres endroits du poëme, iii, 5 et viii, 4. Dans ces deux endroits comme en celui-ci, l’évanouissement signale une division très-profonde,