Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne respire la tendresse, l’indiquent d’une manière certaine. Mais depuis le verset 8 jusqu’à la première moitié du verset 16 inclusivement, le ton est tout différent. L’interlocuteur est bien plus passionné ; il appelle l’héroïne « ma sœur fiancée. » Comme au verset ii, 14, il se plaint que sa belle soit enfermée en un lieu inaccessible pour lui. Il lui demande un regard. Puis, comme s’il l’avait obtenu, il déclare qu’elle lui a rendu le cœur ; il se croit assuré de sa fidélité, et il la loue comme une fontaine scellée pour tout autre que pour lui. Il n’est donc guère douteux que cette partie ne doive être mise dans la bouche de l’amant. Les mots du verset 6 par lesquels Salomon se promet pour le soir les faveurs de sa nouvelle épouse sont entendus du berger[1] ; il tremble que son amie ne préfère les splendeurs du palais de Salomon à l’amour qu’elle lui a juré. Usant d’un artifice dont nous avons déjà

  1. V. ci-dessus, p. 19-20.