Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/82

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Qu’on essaie toutes les interprétations, on n’en trouvera pas, je crois, de plus naturelle pour le morceau que nous venons d’analyser. Salomon vient de livrer, au morceau XI, un premier assaut à la fidélité de la bergère[1] ; la Sulamite n’y a répondu que par des regards obstinés qui frappent le chœur d’étonnement. L’héroïne, comme dans les morceaux I, II, III, est mise face à face avec les dames du harem ; jetée dans ce monde nouveau pour elle, elle n’ouvre la bouche que pour protester qu’elle restera fidèle à son amant. Le système dramatique de l’auteur, qui consiste à compléter les actes les uns par les autres, plutôt qu’à nous les montrer dans leur suite naturelle, se montre ainsi une fois de plus. Le spectateur, en effet, savait la fable d’avance, et ce qu’il cherchait dans ces spectacles, c’étaient moins des

  1. Il faut toujours se rappeler que chaque acte reprend l’action au début, et que celui qui nous occupe, en particulier, est celui qui remonte le plus haut, puisqu’il nous fait presque assister à l’enlèvement de la jeune fille.