Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/90

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porte donc à croire que la pensée exprimée dans les versets 8-9 n’est pas une pensée bienveillante. Nous croyons que, dans ces versets, les frères de la Sulamite annoncent l’intention de tirer profit de la beauté de leur sœur et de la vendre à quelque harem. Ces images de créneaux d’argent, de panneaux de cèdre, désignent, dans leur pensée, le luxe du sérail ou peut-être l’argent qu’ils espèrent tirer de leur mauvaise action. Deux nuances, au moins, nous paraissent certainement impliquées dans ce petit dialogue : c’est, d’une part, le désir de se débarrasser de la surveillance de leur sœur ; de l’autre, une vue intéressée qui les porte à se décharger de cette surveillance d’une façon avantageuse pour leur avarice.

On voit que ces deux versets semblent nous faire reculer, comme les versets vi, 11-12, jusqu’à une époque antérieure à l’enlèvement, époque où l’héroïne du poëme n’était encore qu’une petite paysanne de Sulem. Mais le verset 10 suppose au