Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

contraire que la Sulamite, au moment où nous sommes, a traversé le harem. Ce verset, en effet, est certainement dans la bouche de la Sulamite. Elle intervient dans le dialogue de ses frères, qu’elle est censée avoir entendu, et elle répond à l’alternative qu’ils ont posée. Elle est un mur (c’est-à-dire sa vertu est inaccessible), ses seins sont des tours (que nul n’a su ou ne saura prendre). L’interprétation littérale n’offre pas de difficulté. Mais la nuance qu’elle veut indiquer en termes voilés est difficile à saisir et dépend du sens que l’on adopte pour les mots qui suivent : « Tunc fui oculis ejus sicut inveniens pacem. » Ces mots ont fait le désespoir des interprètes. Avec le verset vii, 1, ils renferment le nœud des difficultés du Cantique. Sans entrer ici dans la discussion de toutes les hypothèses proposées, nous dirons qu’après beaucoup d’hésitations une seule nous a paru soutenable, c’est celle qui rapporte le pronom ejus à Salomon. Les frères viennent d’exprimer des inquiétudes sur la