Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/92

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vertu de leur sœur. La sœur entre subitement en scène, leur déclare que sa vertu a été inébranlable, et que c’est grâce à sa fermeté qu’elle a obtenu que Salomon la laissât en paix. Tous mes efforts pour échapper à une telle interprétation ont été inutiles[1]. Le second membre du verset 10, et surtout la particule אז « alors », qui nous reporte à une aventure passée, m’ont ramené forcément à ce sens, quelles que soient les objections qu’on peut y opposer.

Ces objections s’aperçoivent tout d’abord. Salomon ne figure ni directement ni indirectement dans la région du poëme où nous sommes arrivés. Comment l’auteur peut-il le désigner par un simple

  1. J’ai cru longtemps que tout l’épilogue viii, 8-14, devait être transposé, et qu’il y fallait voir un prologue destiné à nous montrer les parents de la Sulamite prêts à trafiquer de sa beauté. Cette hypothèse, qui était à peu près celle de Velthusen, s’applique très-bien aux versets 8-9, moins bien aux versets 11-12 ; de longues réflexions sur le verset 10 m’ont forcé à l’abandonner. La transposition du chapitre viii tout entier, récemment proposée par M. Blaubach (Das Hohe Lied, Berlin, 1855), n’a aucun avantage et ne fait qu’augmenter les difficultés.