Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/12

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demandaient sur ce sujet de plus amples explications, qu’en leur montrant comment le génie sémitique s’est peint lui-même dans sa création la plus originale et, s’il est permis de le dire, en son plus parfait miroir.

J’ai voulu montrer aussi comment j’imagine que l’on pourrait traduire les œuvres de l’antique génie des Hébreux. Il me semble que les traducteurs entendent, en général, leurs devoirs d’une manière fort incomplète. On croit conserver la couleur de l’original en conservant des tours opposés au génie de la langue dans laquelle on traduit ; on ne songe pas qu’une langue ne doit jamais être parlée ni écrite à demi. Il n’y a pas de raison pour s’arrêter dans une telle voie, et si l’on se permet, sous prétexte de fidélité, tel idiotisme qui ne se comprend qu’à l’aide d’un commentaire, pourquoi n’en pas venir franchement à ce système de calque, où le traducteur, se bornant à superposer le mot sur le mot, s’inquiète peu que sa version soit aussi obscure que l’original, et laisse au lecteur le soin d’y trouver un