Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/120

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Au milieu des pensées qu’amènent les visions nocturnes,
A l’heure où un profond sommeil pèse sur les mortels,

Une terreur et un tremblement me saisirent,
Et agitèrent violemment tous mes os.

Un souffle passa sur ma face,
Et fit dresser le poil de ma chair.


Un être se dressa, dont je ne connaissais pas le visage ;
Un spectre apparut devant mes yeux,
Et, au milieu du silence, j’entendis une voix :


« L’homme sera-t-il juste devant Dieu ?
Le mortel sera-t-il pur devant celui qui l’a fait ?

Dieu ne se fie pas à ses propres serviteurs[1] ;
Il trouve de la dépravation, même dans ses anges.

  1. C’est-à-dire aux êtres saints qui forment sa cour, les mêmes qui ont été nommés dans le prologue fils de Dieu.