Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/126

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Alors Job prit la parole et dit :



    Plût à Dieu qu’on pesât mon ressentiment.
Et que mon infortune fût mise de l’autre côté de la balance !

Celle-ci paraîtrait plus lourde que le sable de la mer ;
Voilà pourquoi mes paroles s’échappent avec audace.

Car les flèches du Tout-Puissant me transpercent,
Mon esprit en boit le venin ;
Les terreurs de Dieu sont rangées en bataille contre moi.

Est-ce que l’onagre rugit quand il a de l’herbe ?
Est-ce que le bœuf se plaint quand il a de la nourriture ?

Savoure-t-on des aliments fades et sans sel ?
Comment trouver du goût au jus de la mauve ?