Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand je lavais mes pieds dans le beurre,
Et que le rocher répandait pour moi des ruisseaux d’huile ;

Quand je sortais pour me rendre à la porte de la ville,
Et que je posais mon siège sur la place publique[1] !

A ma vue, les jeunes gens se cachaient.
Les vieillards se levaient et se tenaient debout ;

Les princes retenaient leurs paroles,
Et posaient leur main sur leur bouche ;

La voix des chefs restait muette,
Leur langue s’attachait à leur palais ;
 

  1. Job est toujours représenté comme un riche bédouin, habitant la campagne, et se rendant de temps en temps à la ville, où il jouissait d’une grande considération. Rappelons encore que la porte représentait, dans les villes d’Orient, l’agora et le forum des villes grecques et romaines. Là était une large place qui servait à la fois de marché, de lieu d’assemblée populaire, de tribunal. Il s’y trouvait des bancs sur lesquels les anciens s’asseyaient pour juger.