livre de Job. Cet antique monument nous est parvenu, j’en suis persuadé, dans un état fort misérable et maculé en plusieurs endroits. Bien des traits qui ralentissent et refroidissent les plus beaux développements, quelques-unes des brusques ruptures qui nuisent à la série logique du discours, viennent peut-être de la grande liberté des copistes, liberté sur laquelle, durant plusieurs siècles, ne s’exerça aucun contrôle. Les difficultés insurmontables qu’on rencontre çà et là en sont l’indice et la preuve. La philologie fait bien de lutter contre ces ténèbres, et il faut reconnaître qu’elle a considérablement diminué le nombre des passages désespérés ; mais il en restera toujours sur lesquels on sera réduit à des conjectures. Il n’y aurait qu’un remède à de telles incertitudes : la découverte d’un manuscrit antérieur à l’époque où fut fixée la leçon qui seule nous est parvenue. Inutile d’ajouter qu’une telle espérance doit être absolument abandonnée, puisque cette fixation du texte eut lieu certainement avant notre
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