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DE CHARLES DE L'ESCLUSE
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Porte-toi bien, homme illustre, et ne cesse de m’aimer, comme tu le fais maintenant.

À Paris, Calendes d’Août 1561.

Tout à toi, Carolus Clusius A.

II

À Jean Craton de Kraftheim, à Breslau.


S. P. D. — Illustre Craton, lorsque je t’écrivais dernièrement, je ne me doutais nullement que nous allions quitter Paris ; car, en raison de notre convention mutuelle qui nous obligeait réciproquement, Thomas et moi, il était pleinement entendu que nous devions y rester pour nos études. Mais à peine avais-je été investi de la charge qui m’avait été confiée, que la peste commença à se déclarer dans plusieurs endroits de Paris, et que la contagion produisit un funeste effet dans les Écoles. Il fallait voir alors les Professeurs cesser leurs cours, plusieurs gagner la campagne, les Lectures s’interrompre, les Collèges se fermer, les étudiants fuir en troupes, enfin tout se réduire à ce point que la situation des Écoles était des plus malheureuses. Cette même raison nous fit également partir de cette ville : car il m’a paru que c’eût été une sottise impardonnable de vouloir séjourner là où se montrait un péril manifeste. Cet état de choses m’avertissait que je devais beaucoup plus craindre pour la santé de celui qui m’avait été confié, que pour moi-même. D’ailleurs, avant de partir, nous avons délibéré sur la nouvelle résidence qu’il convenait de choisir : la ville d’Orléans nous a paru, ainsi qu’à Hubert, offrir assez d’avantages pour nous y réfugier. Son École (qui cependant ne peut être en aucune façon