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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

XVII


A Thomas Rediger, à Padoue.

S. P. — Cher Rediger, comme j’ai appris récemment par Materne qu’ayant quitté la France, tu te rendais en Italie (que je n’ai jamais eu l’occasion de visiter), je ne puis assez t’exprimer combien j’ai été ravi d’apprendre cette nouvelle. Je voyais, en effet, qu’on ne pouvait mieux choisir pour tes voyages que cette contrée si florissante, si riche en souvenirs de toute antiquité : tu ne pouvais rien désirer de plus profitable. Car j’ai laissé l’Espagne, après l’avoir parcourue, à ceux qui gémissent de ses malheurs et de ses calamités (comme tu as pu t’en instruire par les Lettres de Kleinaerts, et comme je pourrais te servir de témoin oculaire), ou bien à ceux du moins qui savent se délecter dans l’étude des plantes et qui, lorsqu’ils observent quelque chose de nouveau dans cette étude, ne peuvent se livrer à aucun autre travail. C’est pourquoi il me semble voir arriver ce jour, où tu reviendras d’Italie dans ta patrie, très instruit dans tous les genres variés de la science, connaissant avec les langues, les mœurs des diverses nations que tu auras observées.

D’ailleurs, lorsque j’ai appris que tu t’étais arrêté pour quelque temps à Padoue, je n’ai pu faire autrement que de t’écrire ces quelques mots, en y joignant une petite lettre pour l’illustre Jacob Antoine Cortusus, patricien de Padoue, philosophe émérite, à qui l’on doit tant, comme l’attestent les très savants travaux de Matthiole, et dont je ne puis passer sous silence les œuvres très érudites, qui rendront son nom immortel. Mais la principale occasion de lui écrire (car je lui ai écrit quelquefois d’autres lettres, à ce point que l’amitié entre absents qui ne se sont jamais vus ni l’un, ni l’autre, a été contractée entre nous depuis une année), est pour