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DE CHARLES DE L'ESCLUSE

que je te ménage son amitié (si par hasard elle te tient au cœur), amitié que j’estime devoir être fort honorable.

Il y a en outre à Padoue un homme très érudit et savant dans la connaissance des plantes, c’est Guilandinus[1] de Prusse, auquel est confiée la direction du Jardin de Padoue. Je désirerais recevoir de lui, si cela était possible, quelques graines de plantes rares, ce qui, je crois, ne te serait pas difficile à obtenir. Car, malgré que nous soyons tourmentés ici par les fluctuations des émeutes, mon esprit cependant ne peut pas ne pas se délasser dans l’étude des plantes (pour laquelle tu sais que j’ai toujours et uniquement éprouvé du plaisir). Donc, si tu peux faire usage de mes petits services, je te les offre bien volontiers.

Porte-toi bien, cher Rediger.

Bruges, dans les premiers jours de Mars 1567.
Ton bien dévoué, Carolus Clusius A.

XVIII

À Jean Craton de Kraftheim, à la Cour de l’Empereur.


S. P. — Illustre Craton, l’état de ce pays est si malheureux que c’est ce que j’ai de plus intéressant à t’écrire. Je ne puis rien te dire de mes affaires, parce que nos tumultes font obstacle à mes efforts et à mes études. Je ne puis sans douleur voir ces contrées si bien cultivées se trouver dans une si misérable situation, qu’elles ne pourront retrouver leur ancien état si florissant. Sans doute,

  1. Il s’agit de Melchior Wieland, de son nom latinisé Guilandinus, né à Kœnigsberg.