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DE CHARLES DE L'ESCLUSE

J’ai vu Pasquillus parlant à table, en quoi il n’a aucune grâce. Il touche en passant à tous les ordres, mais parfois avec une telle froideur que sa lecture devient fastidieuse. L’Évêque de Vienne commence par l’Ordre ecclésiastique et le place en tête. Ensuite il accuse confusément, tantôt les Conseillers ecclésiastiques, tantôt les médecins, tantôt le Sénat et les citoyens de Vienne, les Jurisconsultes et les Philosophes.

J’ai remis tes lettres, hier vers la nuit, à Abundius : il m’a dit qu’il te répondrait. Je t’ai fort souvent parlé de lui ; malgré cela, tu ne connais pas son ingéniosité. Je me souviens de l’avoir vu quelquefois reproduire tes traits, sans qu’il ait eu pour cela besoin d’aucunes couleurs. Je ne doute pas que tu n’obtiennes beaucoup plus facilement de Rumpfius la médaille dorée de l’Empereur que celle de plomb. Je vois rarement Blotius : je le saluerai et le prierai de t’écrire. Mon hôte Aichholz[1] te présente ses salutations empressées. Je ne sais ce que peut faire le bon Thaddée ; je le crois quelque peu affligé : car il est parti de la Cour et, pendant que j’étais à Prague, il perdit sa femme qui était le soutien de sa famille. Maintenant, comme il n’a jamais été un bon économe et qu’il a beaucoup d’enfants, il sera nécessaire de lui venir en aide.

Adieu, illustre Craton. Continue à me compter au nombre de tes amis, et recommande-moi au Préfet du Palais de l’Empereur. Nous attendons ici avec impatience le retour de S. M. impériale.

Vienne, 22 Mai 1577. Ton bien dévoué Car. Clusius.
— Je t’envoie la réponse d’Abundius et d’autres lettres, que Francisque, le libraire français, m’a fait remettre.


  1. Son ami très cher, le Dr  Jean Aichholz, médecin et professeur à Vienne, chez lequel il vivait.