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DE CHARLES DE L'ESCLUSE
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Libri XVIII, parut effectivement en 1554, et cette année-là même Charles de l’Escluse quittait Montpellier. Il nous l’apprend, du reste, lui-même, en ajoutant que, pour retourner dans sa patrie, il n’avait pu traverser la France à cause de la terrible guerre qui avait éclaté entre Charles Quint et Henri II, roi de France[1].

C’est à Montpellier que l’étude des plantes s’empara de son esprit. Il parcourut, dans ce but, les environs de cette ville et mit à profit des voyages, qu’il fit jusqu’à Marseille, pour recueillir les espèces qui l’intéressaient. Il dut prendre note des observations qu’il faisait alors, car il n’a publié ces observations qu’en 1601, dans son Histoire des plantes rares. Il se lia à Montpellier avec Pierre Lotiche, un poète latin, dont il sera question dans sa correspondance. Mais il ne prit point à l’Université le grade de Licencié en médecine, comme l’avaient cru plusieurs de ses biographes, car il ne fut jamais médecin. Il l’avoue lui-même, dans son ouvrage précité, en ces termes (p. ccv) : « Je n’ai jamais pu me mettre en tête de faire de la médecine ».

En 1554, Charles de l’Escluse paraît avoir retrouvé, à Anvers, son père qui s’y était réfugié, en raison des événements de la guerre. Il s’occupa alors de traduire le Cruydtboeck, ouvrage flamand de Dodoëns, et cette traduction parut en 1557 chez Van Loe, sous le titre de Histoire des plantes par Rembert Dodoëns, nouvellement traduite de bas Aleman en François par Charles de l’Escluse. Le traducteur a dû tirer quelque profit scientifique de ce travail, qui ne pouvait qu’ajouter à ses connaissances botaniques. Un Petit Recueil sur les gommes et liqueurs provenant tant des arbres que des herbes termine cette Histoire des plantes, et cet opuscule de peu d’importance paraît être le premier travail original de notre botaniste.

On perd la trace de Charles de l’Escluse jusqu’en 1561 : il se trouvait alors à Paris avec deux jeunes Nobles silésiens, Thomas et Abraham Rediger. Sa correspondance avec Jean Craton de Kraftheim, médecin de l’Empereur d’Autriche, et avec Thomas Rediger, va nous expliquer dès lors les diverses phases de son existence, en nous faisant connaître les événements plus ou moins malheureux auxquels il s’est trouvé mêlé, et dont il nous fait lui-même le récit.

  1. Rariorum plantarum Historia, pp. xxxvi et cxxii.