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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

Nous avons traduit les lettres, qui composent cette correspondance, d’après l’édition en langue latine, publiée en 1830 par Treviranus, sous le titre de Caroli Clusii Atrebatis Epistolæ ineditæ[1]. Nous avons cru toutefois devoir en changer l’ordre de publication, pour disposer ces lettres dans leur véritable ordre chronologique.

Seulement, il ne faut pas oublier qu’il était d’usage alors de latiniser son nom, ce qui a produit même ce résultat que la plupart des savants de cette époque sont parfois mieux connus sous leurs noms latinisés que sous leurs noms réels. C’est ainsi que Charles de l’Escluse a modifié son nom en Clusius, et que tous ses ouvrages latins en désignent l’auteur comme étant Carolus Clusius Atrebas (Charles de l’Escluse d’Arras). Ses lettres latines sont signées de même Carolus Clusius A., et nous leur avons laissé cette signature.

Notons ici que Charles de l’Escluse, avant d’écrire les lettres qui vont suivre, avait daté de Paris, le 1er Avril 1561, la Préface du premier ouvrage qu’ait publié de lui le célèbre imprimeur Christophe Plantin, récemment établi à Anvers. Il s’agissait de la traduction latine d’un ouvrage italien de matière médicale, formant un volume in- sous le titre d’Antidotarium. C’est par ses traductions latines d’ouvrages publics en langues étrangères qui, sous cette nouvelle forme, obtenaient à cette époque plus de succès en librairie, que Charles de l’Escluse a su se créer parfois des ressources nécessaires. Quoi qu’il en soit, il était déjà à Paris, en Avril 1561.

Parmi les lettres qui se trouvent ci-après, le plus grand nombre, c’est à dire vingt-huit, avaient été adressées à Jean Craton de Kraftheim, dont nous résumons comme il suit la biographie. Né à Breslau, le 20 Novembre 1519, son nom de famille était Crafft. Il étudia à Wittemberg les belles-lettres sous Philippe Melanchton, et la théologie sous Martin Luther dont il resta l’ami et le commensal pendant six ans. Il se rendit après cela à Leipzig pour y faire ses études médicales et s’y lia avec Joachim Camerarius ; ensuite il alla terminer ces études en Italie, à Vérone et à Padoue. Il devint plus tard Pre-

  1. Les originaux de ces lettres latines sont conservés à Breslau, dans la Bibliothèque Élisabethienne.