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DE CHARLES DE L’ESCLUSE

constaté la grande difficulté, sinon l’impossibilité, de les reproduire ou même de les conserver dans son petit jardin. Pour couvrir ses plantes pendant l’hiver, il nous apprend qu’il les abritait avec des rameaux feuillés de Sapin. Cette couverture était probablement suffisante contre des froids peu intenses ou de courte durée. Mais, dans son Histoire des plantes rares, notre auteur avoue que malgré cet abri, le très rigoureux hiver de 1586 lui fit perdre beaucoup d’espèces intéressantes pu de premier choix.

Nous disions plus haut que Charles de l’Escluse n’avait dit que peu de chose des jardins impériaux, à Vienne. Il n’en parle, en effet, qu’à propos de la variété myrobalanus du Prunus domestica. Il s’exprime comme il suit à ce sujet : « Cet arbre n’était pas encore commun, dit-il, lorsque je le décrivais ; mais ceux qui le possédaient l’avaient obtenu du Jardin du Palais de l’Empereur, où j’ai vu les premiers de tous ces Pruniers, trois grands arbres dont on ignore l’origine… Maintenant, dans ce même Jardin de l’Empereur, on le cultive, après l’avoir obtenu d’un noyau de l’espèce précédente : le fruit en est plus petit et sa pulpe est plus douce ».

Mais revenons à Charles de l’Escluse et aux diverses péripéties de son existence. Il avait noué des relations familières avec le Landgrave Guillaume IV de Hesse, au sujet de plantes curieuses qui intéressaient ce Prince. Celui-ci le reçut à Cassel en 1586 et devait plus tard venir en aide à sa situation, toujours assez difficile, Édouard Morren résume, dans les termes suivants, une lettre que Clusius écrivait de Vienne à Juste Lipse, le 22 Mars 1587, et dans laquelle il parlait de ce séjour à Cassel.

« Il mande, dans cette lettre, à son ami, dit Ed. Morren, qu’ayant été appelé l’automne précédent à Cassel par le Prince de Hesse et qu’ayant dû y rester plus longtemps qu’il n’avait cru, il s’était trouvé forcé à son retour d’attendre à Nuremberg des compagnons de voyage pour regagner Vienne ; le retour avait été fort pénible et, par suite des grands froids qu’il avait endurés[1], il avait été pris d’une toux opiniâtre dont il n’était pas encore débarrassé. Pour surcroit de malheur, le 29 Décembre, en descendant au bain, il se luxa le pied gau-

  1. Il a été question plus haut de ce très rigoureux hiver de 1586.