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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

che et se blessa au coude-pied, ce qui l’avait contraint à garder le lit pendant six semaines, sans autre distraction que la visite de ses amis. « Je ne suis pas encore guéri, disait en terminant Clusius, parce que l’autre jambe n’est pas assez forte pour supporter un édifice déjà caduc et ruiné : mais porté par une double béquille, je me promène un peu dans la maison et j’apprends à marcher presque comme un enfant. »

Vers la fin de l’été 1588, Charles de l’Escluse quittait Vienne pour se rendre à Francfort. Il paraît y avoir reçu une pension annuelle du Landgrave Guillaume IV de Hesse, qui se plaisait dans sa société. En 1589, Plantin publiait une traduction latine des œuvres de Pierre Belon, que Charles de l’Escluse avait commencée en 1585. Ces œuvres de Pierre Belon avaient été publiées en langue française, à Paris, en 1553 ; le Livre était intitulé ; Les observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays étrangers. Plantin en avait fait paraître une édition française en 1555 ; mais il faut croire qu’à cette époque une édition latine avait plus de chance d’être vendue. Cette traduction latine de Charles de l’Escluse portait le titre de : P. Bellonii Cenomani Plurimum singularium… observationes et formait un volume in- de 49 pages. Elle fut suivie d’une autre intitulée : Petri Belloni Cenomani medici De neglecta Stirpium cultura atque earum cognitione libellus, in- de 87 pages. Ces deux traductions latines ne pouvaient qu’ajouter à la réputation de Pierre Belon dans le monde savant d’alors.

Durant son séjour à Francfort, Charles de l’Escluse devait trop facilement visiter les foires de librairie qui se tenaient dans cette ville, au printemps et à l’automne, pour ne pas être quelque peu obligé de rendre service à ses amis et correspondants qui désiraient s’y approvisionner de certains Livres, qu’on ne pouvait à cette époque que difficilement se procurer ailleurs. Sa nature complaisante et serviable ne se refusa pas à se rendre utile à ce point de vue. Nous en trouvons la preuve dans une lettre latine inédite de Clusius, dont nous devons l’obligeante communication à M. Laroche, d’Arras. Nous l’en remercions ici et nous en donnons la traduction ci-après.