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prises, et nous admettrons sans peine que l’on eût pu dire de toute la France ce que le maire de Strasbourg disait de ses administrés : « L’épuration morale est devenue moins difficile par le nivellement qui s’y est opéré dans les fortunes et par la terreur inspirée à ces hommes cupides. » Dans une république ainsi régénérée, il n’y avait plus de place pour les impures fonctions de banquiers et d’agents de change ; le 8 septembre 1793, la Commune fit poser les scellés chez tous ces conspirateurs et les mit eux-mêmes sous les verrous. Et le 15 avril 1794 un décret fut rendu par la Convention qui supprimait toutes les compagnies financières quelles qu’elles fussent et quelque dénomination qu’elles pussent adopter. La détention de matières précieuses quelconques était considérée comme un crime capital (13 novembre 1793). Du reste une série de banqueroutes effroyables avait mis ou allait mettre bon ordre à l’excès de la fortune publique. La démonétisation des assignats de 100 livres à face royale fut décrétée la première en juillet 1793, parce que les assignats de 100 livres étaient entre les mains des riches et que « ce qui est funeste à ces gens, dit Danton, est avantageux pour le peuple. » Quand la planche aux assignats fut brisée, après un tirage de 45 milliards, la banqueroute atteignit de ce chef une somme qu’il n’est pas possible de calculer, car on ne sait pas combien d’assignats avaient été reçus en paiement des biens nationaux, mais qui dépasse certainement toutes les banqueroutes connues dans l’histoire.

Nous n’avons donc point altéré la vérité quand nous

    afin de poursuivre sans relâche avec la même chaleur tout ce qui porte avec soi le caractère du luxe et de l’insolent orgueil du riche. » Ces ateliers nationaux d’un nouveau genre coûtaient, avec quelques autres menus objets, 400,000 livres par décade, prélevées sur les biens des riches.