nable à durer, à s’accroître, à fortifier et à étendre leur action, tendance diversifiée en impulsions spéciales par toutes les influences subies au cours de leur développement. Elles agiront donc toujours, à moins d’altération morbide, non pour faire place au cours des phénomènes quel qu’il puisse être, mais pour le modifier à leur profit, pour changer les obstacles en instruments, et sortir ainsi victorieuses de la mêlée des choses. Bref, elles ne prévoient pas seulement l’avenir : par la manière dont elles préfèrent se le représenter, elles contribuent à le faire. L’idéal (l’idéal collectif, non la fantaisie individuelle) a, sa part dans la genèse de la réalité. Aussi est-ce une proposition fort contestable que de dire que dans tout ordre d’opérations nous n’avons qu’à relever les lignes d’évolution des phénomènes, qu’à en construire la résultante et à pousser de tous nos efforts dans la direction où elle nous mène. À ce compte, l’homme qui vieillit n’aurait, au lieu de lutter pour se maintenir à l’état actif, qu’à coopérer aux effets destructeurs du temps et les nations qui faiblissent devraient les premières souscrire à leur déchéance, travailler à leur disparition. Nous refusons de nous soumettre à cette technique du suicide, à cet art de l’euthanasie. La philosophie de l’évolution ne l’autoriserait que si elle était de toute nécessité exclusivement spéculative. Mais depuis que l’ayant admise nous avons vu d’excellents esprits, qui l’admettaient avec nous, la déserter parce qu’elle ne leur fournissait pas l’aliment moral dont ils avaient besoin, nous avons compris qu’il lui fallait s’adjoindre une philosophie de l’action et trouver un sens aux vieux mots de liberté et de devoir.
La science n’est que la moitié de la conscience et de la vie. L’autre moitié est livrée au conflit harmonieux de tendances réglées par le milieu social. La science est vérité ou n’est rien ; elle n’a de valeur que si elle est