Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/246

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quelques-uns que la paix qui était naturelle quand tous sont heureux, devenait nécessairement troublée alors que la masse ne pouvant plus exister, trouvant tout hors de sa possession, ne rencontrant que des cœurs impitoyables dans la caste qui a tout accaparé, ces effets déterminaient l’époque de ces grandes révolutions, fixaient ces périodes mémorables prédites dans le livre des Temps et du Destin, où un bouleversement général dans le système des propriétés devient inévitable, où la révolte des pauvres contre les riches est d’une nécessité que rien ne peut vaincre. — Nous avons démontré qu’en 1789 nous en étions à ce point et que c’est pour cela qu’a éclaté alors la Révolution. Nous avons démontré que depuis 1789 et singulièrement depuis 1794 et 1795, l’agglomération des calamités et des oppressions publiques avait singulièrement (sic) rendu plus urgent l’ébranlement majestueux du peuple contre ses spoliateurs et ses oppresseurs. » Et déjà Babeuf, non content de réclamer contre l’inégalité des biens, condamnait la propriété elle-même et les lois qui la supposent. « La propriété individuelle est la source principale de tous les maux qui pèsent sur la société. La société est une caverne. L’harmonie qui y règne est un crime. Que vienton parler de lois et de propriétés ? Les propriétés sont le partage des usurpateurs, et les lois l’ouvrage du plus fort. Le soleil luit pour tout le monde et la terre n’est à personne. Allez donc, ô mes amis, déranger, bouleverser, culbuter cette société qui ne vous convient pas. Prenez partout tout ce qui vous conviendra. Le superflu appartient de droit à celui qui n’a rien. Ce n’est pas tout, frères et amis ; si l’on opposait à vos généreux efforts des barrières constitutionnelles, renversez sans scrupules et les barrières et les constitutions. Egorgez sans pitié les tyrans, les patriciens, le million doré, tous les êtres immoraux qui s’opposeraient à votre Bonheur commun. Vous êtes le