horizons très prochains, non soupçonnés des hommes de ce temps. Buonarroti, d’accord sans aucun doute avec lui, écrit sous le titre : Agriculture et arts de première nécessité, le paragraphe suivant : « Les premières et les plus importantes occupations des citoyens doivent être celles qui leur assurent la subsistance, l’habillement et l’habitation, et ont pour objet l’agriculture et les arts qui servent à l’exploitation des terres, à la construction des édifices, à la confection des meubles et à la fabrication des étoffes. Et comme toutes les terres ne sont pas également propres à la culture des mêmes denrées, un des principaux soins de l’administration publique doit être d’établir, dans chaque canton, les productions et les travaux les plus conformes au sol et au climat et les plus favorables à l’abondance et à l’égalité[1]. » C’est dire que les fonctions productives sont les premières dans les États modernes : c’est assigner à l’industrie prise dans le sens le plus général, la première place dans la politique. Or, trois ans après la conspiration de Babeuf, Jean-Baptiste Say écrivait l’Olbie (1799), petit traité économico-politique de tendance nettement socialiste, où le futur économiste cherche, comme le tribun, les conditions du bonheur commun dans une organisation de tous les travaux et une utilisation de toutes les ressources de la Nation par l’Etat. Peu d’années après, il se dégageait de l’influence socialiste, mais il gardait l’impression très vive de l’importance exceptionnelle accordée par les réformateurs contemporains de sa jeunesse aux travaux dé la paix, aux travaux qui répondent aux premiers besoins des hommes ; il absorbait la politique dans l’Economie. Enfin Saint-Simon, fondant les vues de Jean-Baptiste Say avec celles de la Révolution, proposait le système industriel qui procède de la même
- ↑ Buonarroti, t. I, p. 209. Cf. p. 271.