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ensuite devant les assemblées primaires qui eussent déclaré par l’acceptation ou le rejet de la proposition la volonté du peuple à son égard.

Les Conservateurs proclamaient la volonté du peuple une fois exprimée ; mais ils avaient, nous le verrons bientôt, une plus importante fonction.

Quant aux assemblées primaires, leur fractionnement et la lenteur de la procédure législative paraissait être une suffisante garantie contre la précipitation et l’entraînement auxquels eût pu être exposée une assemblée unique de législateurs : de plus, à côté de chaque assemblée primaire devait être placé un Sénat composé de vieillards choisis par elle dans l’arrondissement et dont le rôle eût été purement consultatif. Seulement, comme les vieillards actuels ont vécu sous le régime corrupteur de la propriété individuelle, le comité insurrecteur aurait rempli d’abord les Sénats de patriotes ayant pris une part active à la révolution.

Le pouvoir exécutif eût été organisé comme dans la Constitution de 1793 et le Contrat social. Une série de conseils eût constitué la hiérarchie des pouvoirs administratifs chargés, comme il a été dit, de fonctions considérables. La justice n’eût été que l’une de ces administrations et elle eût reçu comme les autres de degré en degré l’impulsion du pouvoir central. Presque tout le monde étant fonctionnaire, et le fonctionnaire pouvant être considéré comme un magistrat, les magistrats eussent été extrêmement nombreux dans ce système politique ; mais on estimait que des magistrats réduits à la portion congrue, obligés à des mœurs simples, préparés par un stage prolongé à leurs fonctions actuelles, ayant à rendre leurs comptes au peuple et d’ailleurs choisis parmi les révolutionnaires anciens ou nouveaux, c’est-à-dire parmi des hommes vertueux, seraient facilement contenus dans leurs