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floréal an VI. Les élections de l’an VII semblent normales, républicaines. Mais à ce moment la situation extérieure change. Nous sommes vaincus : Jourdan battu repasse le Rhin ; le massacre de Rastadt rallume la guerre avec l’Autriche ; les Russes entrent en ligne avec Souvarof ; bientôt l’Italie va être perdue pour nous et la France menacée d’une invasion, tandis que son meilleur général, Bonaparte, est en Orient avec l’élite de l’armée. » En présence de ces périls, le parti Jacobin reprend confiance et les formes de la Terreur sont un instant restaurées. La politique violente, arbitraire, égalitaire sévit de nouveau quoique sans effusion de sang : la loi du 10 messidor an VII établit sous le nom d’emprunt forcé un impôt progressif ruineux pour les riches, et la loi du 24 messidor renouvelle en l’aggravant la terrible loi des suspects[1]. Laissons de côté la question de savoir si entre le péril national et le retour de la politique jacobine il y a une liaison telle que l’un engendre l’autre nécessairement ou si seulement le danger public fournit au parti révolutionnaire une occasion ou un prétexte à de nouvelles manifestations : le problème qui nous occupe est autre ; nous voulons seulement constater que quand ce parti de 1793 réapparaît en Messidor an VII, il est définitivement identifié avec le parti qui avait tramé la conjuration de Floréal an V. Le personnel et le programme sont les mêmes.

Barras est Directeur. Fouché, l’ancien ami de Babeuf, est ministre de la police. Robert Lindet nous est connu ; c’est lui dont Buonarroti résume ainsi le discours à la réunion du 18 floréal, tenue chez Drouet : « Il démontra la justice de l’insurrection, justifia le rappel de la Convention et insista longtemps sur la nécessité d’imprimer à la

  1. Même article, p. 388.