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que des deux partis aux prises, l’un, le parti de la révolution, se considérait de plus en plus comme solidaire du parti communiste : dans tout le pays, entre les Jacobins et les Babouvistes, la fusion était faite ; l’autre, le parti conservateur ou simplement modéré, s’éloignait de la République précisément en raison de l’importance que les ennemis de la propriété individuelle menaçaient d’y prendre. « Par ce mot Jacobins, écrit M. Aulard[1], l’opinion ne désignait pas seulement les clubistes du Panthéon, (plus tard) du Manège et de la rue du Bac, mais le parti républicain proprement dit, les survivants du personnel gouvernemental de l’an II, ceux dont l’idéal… était de substituer une constitution démocratique à la’constitution censitaire de l’an III. On se plaisait aussi à les traiter d’anarchistes (Babeuf lui-même ajoute de Babouvistes). Ainsi jacobins, anarchistes, ce sont de l’an IV à l’an VIII les républicains qui veulent une république démocratique, » égalitaire.

Naturellement le parti royaliste poussait de toute sa force à cette assimilation. Il y gagnait la majorité dans les Conseils les élections (mai 1797) coïncident avec le procès de Vendôme. Mais le Directoire, s’appuyant alors sur le gros de l’opinion républicaine, refoulait les monarchistes par un coup d’Etat qui l’obligeait lui-même à se rapprocher des Jacobins, c’est-à-dire des amis de Babeuf. C’est ainsi que le 18 fructidor an V, Barras put assouvir sa vengeance contre Carnot, Cochon et d’Ossonville. « Ce coup d’Etat relève les républicains, et les élections partielles de l’an VI sont démocratiques, trop démocratiques au gré du Directoire qui, par un jeu de bascule, frappe les républicains après avoir frappé les royalistes, et procédant à un nouveau coup d’Etat, casse les élections le 22

  1. La Révolution française, 14 mai 1894 : Les derniers Jacobins.