Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/421

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quoiqu’on ne cesse de le dire libre ? Si vous obtenez d’abord un succès et successivement celui de faire traiter toutes les causes en grande assemblée, sans comités et d’après des discussions longues et mûries, toutes les autres dispositions que j’ai ci-devant présentées et divisées en cinq articles en seront des suites nécessaires ; la France vous en devra son salut pour toujours.

Mais comment un patriote aussi essentiel que vous l’êtes s’y prendra-t-il pour opérer tout le bien dont vous êtes capable ? Si vous partagez votre temps entre la tribune et le cabinet, tandis que vous montrerez liberté et patriotisme d’un côté, vous décréterez tyrannie et esclavage de l’autre. Mirabeau avait un secret pour pérorer continuellement à la tribuns, et expédier en même temps dans son cabinet. Il avait douze faiseurs à qui il donnait le maigre sommaire de ses motions, lesquelles ils lui encadraient et ne lui laissaient plus que la peine de débiter. Vous vous proposez de suivre en partie le même exemple, et de prendre un commis au lieu de douze, parce que vous voulez faire moins de choses et plus de bonnes choses que Mirabeau, qui avait des ressources que vous ne voudrez jamais avoir, pour payer ces douze faiseurs au plus fameux desquels je sais, de science certaine, qu’il ne donnait que mille francs par mois.

Permettez que je souhaite pour vous que ce commis que vous voulez vous donner, ne soit pas une simple machine ou copiste qui ne vous serait que d’un faible secours ; qu’il soit au contraire assez instruit pour pouvoir encadrer promptement tous les discours que vous jugerez devoir prononcer à la tribune ; qu’avec cela il sympathise grandement et de principes et de caractère avec vous ; qu’au lieu d’être aussi exigeant que le premier faiseur de Mirabeau, il sache vivre aussi de légumes, de fruits et de lait, vous laisse de quoi acheter des livres et satisfaire toujours cette inclination si louable de partager personnellement avec l’humanité malheureuse. Si je vous dis que je crois avoir trouvé votre affaire peut-être ne me voudrez-vous pas croire…

Je suis autorisé par la personne en question, c’est-à-dire que je dis penser être votre affaire ; je suis autorisé à vous annoncer que non seulement elle se croit dans le cas de pouvoir vous préparer des discours, mais qu’elle se chargera aussi d’entretenir vos correspondances avec tout le pays qui vous écrira et avec les gens de lettres qui vont se mettre en relation vis-à-vis de vous, avec sans doute les Robespierre et les Pétion, etc., tout cela sans vouloir même rien arrêter pour l’honoraire.

Dans le mélange des choses bonnes et mauvaises que fit