Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/45

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prêté l’oreille çà et là aux arguments du socialisme cosmopolite et révolutionnaire.

Fidèle à la méthode que nous vous exposions tout à l’heure, nous n’essayerons pas de prouver aux jeunes gens qui nous écoutent que la patrie est plus digne de nos amours que l’humanité future. Encore une fois les principes de nos affections échappent à l’argumentation logique : ils la dominent. D’ailleurs, nous ne sommes pas inquiets sur le patriotisme de la jeunesse française, dûtelle devenir plus éprise de l’absolu qu’elle ne l’est, si elle l’est. Quand Fichte, en 1807, écrivait ses Discours aux Allemands, où était son idéalisme transcendental ? Les seules observations que nous puissions nous permettre à l’égard de la nouvelle foi tendront à montrer qu’elle s’égare dans le choix des moyens et que le programme actuel de ceux à qui la justice au dedans et l’accord des nations au dehors est plus cher que tout, compromet gravement l’avènement de l’une et de l’autre.

Que malgré tout ce qui a été fait, il n’y ait pas encore beaucoup à faire pour améliorer le sort des travailleurs, que des garanties ne puissent s’ajouter à celles qu’ils ont déjà contre l’arbitraire de ceux qui les emploient, plutôt à notre avis dans la petite industrie que dans la grande, et que des moyens ne doivent pas être cherchés de les préserver des cruelles épreuves que leur imposent des contributions peut-être sur certains points mal assises, l’instabilité des affaires, la maladie et la vieillesse, qu’enfin les États démocratiques ne soient pas obligés plus que tous les autres de viser à obtenir de la population vivant de salaires cet acquiescement tacite, lié à une estimation favorable de son sort, sans lequel même les États aristocratiques et monarchiques ne peuvent durer, et qu’ainsi la politique nationale n’ait pas à faire spontanément la plus large part à la politique de solidarité humaine ; —