Page:Espronceda - L’Étudiant de Salamanque, trad. Foulché-Delbosc, 1893.djvu/15

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Et ses folles pensées, en violent tourbillon, ont obscurci son front comme les nuées qu’amasse le vent et qui couvrent le ciel de leur sombre amoncellement.

La voici, qui, pleine de sollicitude, choisit des fleurs et les emporte pêle-mêle dans sa robe, et qui s’amuse à tisser une guirlande, couronne nuptiale de ses amours.

Au milieu de son doux égarement, un triste souvenir vient importuner son âme, elle s’avance au bord du ruisseau argenté et y jette les fleurs une à une ;

et sa vue les suit s’éloignant rapides, l’une après l’autre, dans le courant, et, dans la confusion de ses yeux et de son esprit, elle sent que les larmes l’étouffent :

et elle chante d’amour, et en sa tendre plainte, entonne une mélancolique chanson, chanson qui laisse l’âme déchirée, lamentation qui navre le cœur.


Que me servent ton calme et ta tendresse, tranquille nuit, lune solitaire, si vous ne calmez la cruauté du sort et ne me donnez un espoir de bonheur ?

À quoi bon la grâce et la beauté, à quoi bon aimer comme jamais n’aima aucune femme, si la passion qui me dévore l’âme est méconnue de celui qui l’a fait naître ?


Des larmes interrompent ses lamentations, elle penche sa tête sur sa poitrine, et autour d’elle, le vent, en un sanglot, murmure ses dernières paroles.

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