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ou romantique. L’auteur ignore ce qu’on veut lui dire, il sait seulement qu’il est né en 1814, ce qui équivaut à dire qu’il est du dix-neuvième siècle. Voilà toute sa réponse.

Du reste, il proteste de son respect pour tous les grands maîtres de l’art ; tous lui semblent créateurs parce qu’il n’y a de génie possible que là où il y a inspiration et individualité. Corneille et Racine sont à ses yeux essentiellement innovateurs : le premier pour les choses, le second pour le style. Il n’a de mépris que pour les copistes. O imitatorum servum pecus ! Entendons-nous sur ce mot. On peut sympathiser plus vivement pour un homme, un siècle, une école ; l’organisation et la tendance de l’ame décident habituellement dans un pareil choix. Deux âmes trempées à la même source ou colorées l’une par l’autre, se ressemblent mais ne se copient pas : ce sont deux feuilles d’arbres qui poussent sur la même tige, mais en les examinant de près, on voit qu’il y a divergeance de forme, de couleur et de tissu.

Il nous est souvent venu en tête de désirer la création d’une vaste république littéraire où tout aurait droit de cité depuis le drame jusqu’au madrigal, qui aurait pour but d’émanciper toute pen-